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jules janin
mérite. Quoi qu’on en ait pu dire, il sait admirer. Lorsque les noms amis viennent sur le tapis, Horace, Diderot, Richardson ou Victor Hugo, par exemple, il s’anime, il s’échauffe, il parle, il entasse arguments, preuves, jugements, anecdotes, défend son homme, attaque ses rivaux, les pique, les harcèle, lance ses pointes acérées avec une rapidité et une vigueur éloquentes, vous éblouit, vous fascine, vous entraîne.

Au sujet du brillant feuilletoniste, M. Albert de la Fizelière, rédacteur de l’Opinion nationale, a dit très-justement :

Dans notre monde actuel, où tant de compétitions malsaines divisent les hommes, où tant d’ambitions avides font de la concurrence une bagarre et des rivalités une bataille, Jules Janin fut uniquement un homme de lettres ; plus qu’un homme de lettres : il fut l’homme de lettres même ; le type complet, absolu de l’artiste, de l’inventeur qui consacre sa vie, son art, ses labeurs et son invention à la profession littéraire.
C’est un éternel honneur pour sa mémoire d’avoir été en passe d’atteindre aux plus hautes situations qui caressent l’orgueil et flattent les besoins des avides, et d’être resté, par haute raison autant que par goût, l’éclatant écrivain qu’il était devenu.

Sept ou huit mois avant la mort de Jules Janin, Alphonse Karr lui rappelait, en notre