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précieux esquifs. Tous n’arriveront pas au port, mais le plus grand nombre abordera, et l’on peut répéter à ces nefs légères, lestées d’esprit, le vœu d’Horace, traduit et médité par Jules Janin :

Sic te diva pocens Cypri
Sic frater Helenae lucida sidera
Ventorumque regat pater…

Oui, quelque chose de cet improvisateur hebdomadaire surnagera sous le souffle des astres cléments, et la postérité connaîtra cette poudre d’or, qu’en thésaurisant un peu, l’auteur de la Fin d’un Monde pouvait réduire et fondre en un lingot. Il aima mieux se répandre que se recueillir ; il fait partie désormais comme essence, comme arôme subtil, de l’atmosphère même de l’esprit français au xixe siècle.

Dans un des meilleurs chapitres de son ouvrage fort intéressant : La Libre Parole, M. Jules Claretie a enregistré cette remarque dont nous avons pu tant de fois constater l’exactitude :

Ceux qui ont lu les livres et les feuilletons de Janin ne le connaissent qu’à demi. Il faut le voir, il faut l’entendre. Il cause volontiers, et beaucoup, comme les gens qui savent causer. Il parle assez souvent de lui, mais le plus souvent de ceux qu’il aime. Jules Janin a un grand