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jules janin
étudiez ses cent et un contes, ses mille et un feuilletons, vous reconnaîtrez que toute l’histoire intime du xixe siècle est là, vivante par fragments, comme vous trouvez dans l’atelier d’un peintre de génie la créature humaine, de face, de profil, de trois quarts. On entre dans l’œuvre de Jules Janin comme dans un atelier : ici un fusain, là une gouache, plus loin une ébauche, çà et là de vivantes peintures qui ont l’âme, qui ont le regard, qui ont la parole. Et que de trouvailles inattendues ! — C’est un pastel effacé, mais souriant encore ; c’est une eau-forte lumineuse ; c’est une académie qui crie la vérité.
… Initiateur par excellence, il ne s’est pas trompé une seule fois sur l’or pur et sur la fausse monnaie des renommées contemporaines.
Il dit dans un de ses livres : « Je taillais les hautes futaies de ma fenêtre en lisant quelque chef-d’œuvre des anciens jours. »
Tout Janin est là ; il cueillait l’heure présente tout en s’égarant dans l’heure passée.

Paul de Saint-Victor, le grand coloriste, a tenu, lui aussi, à honneur de consacrer une belle page à l’ermite de Passy :

L’écrivain, chez Jules Janin, c’était l’homme. Il portait, dans ses livres et dans sa critique, non pas seulement son esprit, mais sa nature même… Je fais grand cas, sinon pour l’exactitude, du moins pour le style, de la traduction d’Horace qu’il mit tant d’années à polir et