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de Banville, a fort bien défini le feuilleton de Jules Janin :

… Ce fut la Poésie, longtemps opprimée et régentée par la Critique, prenant à la fin sa revanche, et absorbant la Critique, se substituant à elle. Oui, ce fut la Poésie, non pas, comme sa devancière, rendant des arrêts et les imposant, le bonnet carré sur le front et la férule à la main, mais, à son tour, faisant prévaloir sa pensée et son impression, à force de grâce, de sourires, d’enchantement, d’habileté à rendre la vérité attirante et aimable à entendre, si bien que ce fut en effet une longue, une invincible séduction, et qu’ayant encore leur main rougie et brisée par la palette du pédant, du maître d’école, les honnêtes gens s’étonnaient de sentir sur leurs lèvres et sur leur front soudainement rafraîchi le délicieux baiser de la Muse !

Écoutez à présent M. B. Jouvin, ce véritable gourmet littéraire, qui sait si bien apprécier les hommes et les choses :

… C’était le plus merveilleux des improvisateurs dans le tempérament d’un écrivain de race ; il avait l’éloquence, mais il avait le style. Janin avait beaucoup étudié deux maîtres d’école absolument différents, mais de premier jet tous les deux : Mme de Sévigné et Diderot. En écrivant, il semblait les avoir sans cesse sous les yeux sans les rencontrer jamais sous sa plume, « en imitant toujours original ». Comme la marquise, il avait