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jules janin.
prodigue d’esprit, de grâce, de verve intarissable, de riches fantaisies, magnifique dans la louange, clément dans ses sévérités, toujours honnête, jamais vulgaire, un prince idéal, un prince Charmant ; ce prince-là, il l’était, et il gardera sa couronne.
Mais ce Jules Janin, l’écrivain éblouissant et original, un maître vient de le louer devant vous ; il sera honoré de toutes parts, et certes il tiendra sa place dans l’histoire des lettres françaises. C’est l’homme que nous pleurons, c’est le Jules Janin que ses amis seuls ont pu apprécier, ce cœur où n’est jamais entrée une goutte de fiel, si bon, si cordial, si sympathique, si simple, et je dirai si ingénu et si candide. C’est fini ; nous ne presserons plus ta main ouverte, maître et ami chéri ! Nous n’aurons plus la caresse de ton beau et bienveillant regard ! Nous ne l’entendrons plus s’envoler de tes lèvres, ton rire frais et sonore ! Il s’est évanoui avec ta chanson comme un chant d’oiseau de ton jardin. Mais ta chanson, à toi, laissera une trace. Elle plane au-dessus de ce cercueil où repose ton pauvre corps endolori, pendant que ton âme d’enfant et de poëte est remontée aux étoiles !