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jules janin

Le matin des obsèques, Arsène Houssaye, profondément ému, s’écriait : « Le dernier adieu, je ne veux jamais le lui dire.

Pour ceux qui les aimaient, les morts vivent toujours ! »

Cela est vrai ; et nous aussi nous reverrons, vivant dans notre souvenir attendri, ce ravissant écrivain, cet ami indulgent auprès duquel nous avons passé tant de douces heures. Étendu sur son lit funèbre, il semblait endormi. Un vague sourire restait sur ses lèvres pâlies, et les boucles de ses cheveux argentés s’éparpillaient encore sur l’oreiller, comme au moment de son réveil.

Non, nous ne voulons pas, nous non plus, croire à la séparation éternelle. Non ! ce maître illustre et bienveillant ne nous a point quitté pour toujours. Nous entendons sa voix ; nous lisons dans son regard si expressif, et nous pourrons travailler encore. Voici l’encre bleue, le porte-plume d’ivoire et les feuillets blancs disposés sur la table, en face des longues rangées de livres richement vêtus et près de la fenêtre grande ouverte.

Il est là, dans son vaste fauteuil vert, sou-