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Par Gazette Françoiſe, Milord, j’entends, non pas ſeulement une gazette écrite en françois, comme celles qui ſe composent à Amſterdam, à Leyde, à Cleves & en cent villes étrangeres, invention qui manque même à Londres, mais une feuille regardant uniquement la France. Il eſt bien singulier que dans une Capitale, où l’on écrit tant & auſſi librement, perſonne ne ſe ſoit aviſé d’un projet auſſi utile & auſſi déſirable ! Si l’on regardoit les Gazettes en cette langue, citées ci-deſſus, comme pouvant y ſuffire, jointes à la Gazette de France, on ſe tromperait fort : quant à la derniere, on ſait que c’eſt celle qui parle le moins de ce qui concerne la France, ſinon des jours où la Famille Royale a été à la Meſſe ou au Sermon, des Préſentations faites à la Cour, des Contrats de Mariage ſignés par le Roi, etc. Quant aux autres, outre qu’elles ſont obligées de ſe partager entre les différents États dont elles doivent rendre compte, elles ont la fureur de s’introduire à Paris, & par conſéquent ſont réduites au ſilence ou à la flatterie ſur une multitude d’objets, pour n’être pas proſcrites.

C’eſt pour ſuppléer à la diſette totale où vous êtes à Londres de Gazette Françoiſe, & à ]’impuiſſance de celles qui vous parviennent, que je compte exécuter mon deſſein. J’écrirai jour par jour ce que j’aurai vu, lu ou entendu de mémorable ; &, en y ajoutant de courtes réflexions propres à mieux développer les faits, j’eſpere remplir mon engagement d’une façon plus ſatiſfaisante que de toute autre maniere. Je vous