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L’OBSERVATEUR.

Il s’en faut ! Je vois, d’après ce que vous me di- tes, que nous autres Etrangers, qui n’apprécieriont Louis XV que par les Libelles dont nous sommes inondés, en aurions des notions très fausses & très injustes qu’il est né avec les plus heureuses qualités du cœur & de l’esprit; qu’il a le jugement le plus exquis, & que s’il ne développe pas ce dernier, c’est par son aversion des affaires, auxquelles on a négligé de le former dans sa jeunesse. En sorte qu’il a contracté une habitude de paresse presqu’impossible à déraciner chez un particulier, à plus forte raison chez un Prince nageant dans l’abondance & dans les plaisirs.

LE COURTISAN.

Oui, c’est la politique du Cardinal de Fleuri: ce Ministre ambitieux, sur le bord de sa tombe, ne vou- lait point encore lâcher les rênes du Gouvernement: il craignait toujours que son élève ne s’en ressaisît. Et remarquez les suites funestes de ce premier mal- heur: le Roi est naturellement timide; ce défaut dont il & serait corrigé par la grande triture des af- faires, n’a fait qu’augmenter dans l’inaction. Au lieu de trancher avec cette supériorité que lui donnent ses lumières, la défiance de ses forces ne le fait ja- mais aller qu’avec l’appui des autres. Tous ses dis- cours, toutes ses réponses au Parlement, quelque courts qu’ils soient sont toujours dictés dans son Conseil; & ce Prince, parlant avec autant de facili-