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ſer avec lui. Cette conduite équivoque & même indigne dans un Monarque, dont le bon cœur ſeroit moins connu, s’éclaire dans celui-ci par une quantité de traits qui dépoſent en faveur de ſa belle âme & ne doit ſe rappeler uniquement qu’à ſa répugnance exceſſive de faire du mal à qui que ce soit.

L’Observateur.

Monsieur le Comte, d’après tout ce que vous me citez, il n’eſt pas poſſible de ſe refuſer à accorder un bon cœur à votre Roi, à lui reconnaître un Jugement ſain. Mais l’eſprit ? Je vous avouerai que j’ai été ſurpris des niaiſeries dont il s’eſt entretenu au grand couvert.

Le Courtisan.

C’eſt toujours comme cela : toutes les fois qu’il parle en public, vous ne le verrez jamais occupé que de comérages ou de choſes très indifférentes. Il fait beaucoup de queſtions, par exemple, toutes frivoles, vaines & oiſeuſes. Ce n’eſt pas qu’il ne puiſſe dire mieux. Outre qu’il se délaſſe ainsi des pénibles réflexions qu’occaſionnent les grands intérêts qu’il roule dans ſa tête, c’eſt qu’il ſait être ſans cesse entouré de gens occupés à ſaiſir tout ce qui ſort de ſa bouche, en tirer des inductions, des conjectures, & qu’un mot peut trahir le ſecret d’un État. Ne doutez nullement qu’il ne ſoit très aimable en converſation, quand il eſt dans l’intimité des courtiſans ; qu’il n’ait des fineſſes, des ſaillies, des bons mots.