Page:Pidansat de Mairobert - L’espion anglois, tome 1.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 20 )

pas, dit le Roi avec humeur. Il fait une pirouette, & rompt la converſation comme fâché d’apprendre ces maux qu’il ne pouvoit ſoulager. Quelqu’un qui ſans ſavoir la queſtion, n’eût entendu que la réponſe, auroit cru que le Roi parlait des gens du Grand Seigneur ou de l’Empereur de la Chine ». C’eſt une façon de voir ſingulière, qui s’allie chez lui avec le cœur le plus excellent. C’eſt ce que vous atteſteront tous ceux qui ont l’honneur de le ſervir ou d’approcher de ſa personne. Malgré cela, à l’entendre tenir certains propos, on jugeroit le contraire quelquefois. Par exemple il ne ſe fait pas une délicateſſe de ménager le faible qu’ont preſque tous les hommes de cacher leur âge, leur vieilleſſe, leurs infirmités. Il dit volontiers à un Courtiſan : vous êtes bien vieux ; vous avez mauvaiſe mine ; vous mourrez bientôt. C’eſt un genre de Philoſophie qui lui eſt propre, & qui lui permettroit d’écouter de ſang froid les mêmes réflexions, ſi quelqu’un oſoit les lui faire.

L’Observateur.

Mais on nous en a rappelées qui ſont assez vigoureuſes.

Le Courtisan.

Il y a ſur-tout celle du Duc de Coigny, qui auroit peut-être indiſpoſé tout autre Prince.

« Vous avez ſûrement entendu parler d’un Auteur charmant nommé le Gentil Bernard. Ce malheureux, uſé de plaiſirs & de débauches, ayant trop