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L’Observateur.

N’ai-je pas ouï dire que lorſque le fils du Roi de Suède vint à Paris pour arranger l’affaire des Subſides dus à ſon père, le Tréſor Royal était à ſec ; votre Prince tira la ſomme du ſien & l’avança, à condition qu’elle lui ſerait remplacée ?

Le Courtisan.

Il y a beaucoup de traits ſemblables. C’eſt un eſprit d’ordre qui veut que tout ſoit à ſa place. La façon de voir de S. M. eſt telle à cet égard, qu’elle ne regarde point du tout comme ſiennes les dettes de l’État. Voici une anecdote peu connue mais très-vraie, entre vingt autres, qui vous en fournira la preuve.

« Il y a quelques années que le Curé de S. Louis de Verſailles, Paroiſſe du Roi, vint à ſon lever, ſuivant le privilège qu’il en a : S. M. toujours humaine, s’informe de l’état des ouailles de ce Paſteur. Elle demande s’il y a beaucoup de malades, de morts, de pauvres ? À cette dernière queſtion le Curé pouſſe un grand ſoupir, répond qu’il y en a beaucoup. Mais, répliqua-t-elle avec intérêt, les aumônes ne ſont-elles pas abondantes, n’y ſuffiſent-elles pas, le nombre des malheureux eſt-il augmenté ? Ah ! oui, Sire… Comment cela ſe fait-il, ſe recrie le Monarque ! d’où viennent-ils ?… Sire, c’eſt qu’il y a jusqu’à des Valets de pied de votre Maiſon qui me demandent la charité… Je le crois bien, on ne les paie