Page:Pidansat de Mairobert - L’espion anglois, tome 1.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 16 )

minée, fixe, irrévocable, tout le Conſeil ſe rangeroit bientôt de ſon côté. Mais ſachez que S. M. ouvre toujours le meilleur avis, & qu’il n’eſt jamais ſuivi. Elle ſe défie tellement de ſes propres lumieres, qu’elle les abandonne à celles des Miniſtres qui l’entourent & cependant elle n’eſt pas convaincue pour cela. Elle leur dit : prenez garde, vous allez faire une ſottiſe ; vous verrez qu’il va arriver telle & telle choſe ; qu’il faudra revenir, reculer, &c. Elle dit & elle ſigne. Et l’on eſt tellement habitué à cette modeſtie, que l’on contrecarre ſon ſentiment comme celui d’un particulier.

L’Observateur.

Ce que vous m’obſervez du ſens exquis de votre Prince, me rappelle le propos de certain Ambaſſadeur étranger qui en revenant de France étoit émerveillé de l’intelligence du Monarque, & déclaroit lui en avoir reconnu plus qu’à aucun de ſes Miniſtres en matière de Gouvernement.

Le Courtisan.

Ce n’eſst pas ici le lieu de vous développer les myſteres de la grande Révolution dont vous me parlez mais ſoyez perſuadé qu’elle a été opérée contre le ſentiment intime du Roi, très convaincu qu’elle ne pouvoit durer. Le déſir ſeul de ſe mettre à l’abri des perpétuelles Remontrances du Parlement, de ne plus voir des robes noires continuellement à ſes trouſſes, de ne plus entendre parler des malheurs de l’État, auxquels il ne connoit aucun remede, tableau