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L’Observateur.

La Majesté est peinte ſur ſon front. Si le Trône s’accordait à la figure, certainement on l’eût démêlé dans la foule ; mais je n’aime pas ce teint bilieux que je lui ai remarqué.

Le Courtisan.

Ce n’est rien. Il eſt habitué à faire beaucoup d’exercice : toutes les fois qu’il est pluſieurs jours ſans chaſſer, la bile le ſurmonte. Il a une maladie plus grande : c’eſt l’ennui qui le pourſuit, qui l’oblige d’être toujours en mouvement, & qui lui fait prendre ce train de vie errante dans le cercle étroit d’une douzaine de maiſons de plaiſance, qu’il parcourt ſucceſſivement.

L’Observateur.

Mais j’ai trouvé plus que de l’ennui ſur cette face auguſte ; elle m’a paru enveloppée de nuages j’ai cru y démêler des ſoucis cuiſans.

Le Courtisan.

Eh ! mon ami, c’est la deſtinée des Rois. Celui-ci eſt comme cela depuis trois ans.

L’Observateur.

Comment ? c’eſt l’époque d’où, selon ſes adulateurs, il commence à l’être ! N’ai-je pas lu quelque part qu’enfin on lui a tiré ſa Couronne du Greffe du Parlement ? [1] Ne fait-il pas tout ce qu’il veut aujourd’hui ?

  1. Expression de M. de Voltaire.