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aimable & changeant chez lequel je vis. Abſolument neuf dans ce pays ci, il a fallu me mettre au fait, étudier & amaſſer des matériaux. Maintenant que je ſuis en fonds, j’en ai ſuffiſamment pour ne pas laiſſer languir notre Correſpondance, & j’entre en matière.

Vous voyez par le lieu d’où je date ma Lettre, que je ſuis à la Cour. Je ne m’étendrai pas ſur le château de Verſailles, je vous renvoie aux deſcriptions multipliées qu’on en trouve dans quantité d’ouvrages. Je vous ajouterai ſeulement qu’on eſt frappé de ſurprise, en voyant cet amas de richeſſes qu’il renferme, équivalant à toutes celles de certains États. Mais quelle a été mon indignation au récit des ſommes immenſes qu’il a coûtées ? On sait que Louis XIV en fut tellement effrayé, qu’il fit jetter au feu tous les Mémoires, pour qu’il n’en reſtât aucun veſtige. La tradition porte qu’ils ſe montoient à douze cens millions. Ce calcul vous paroîtra moins absurde, en apprenant que celui de la Chapelle ſeule eſt de douze millions, & cette Chapelle n’eſt pas en effet la centième partie de la dépenſe. Qui le croiroit cependant ? Ce superbe Palais, m’a-t-on dit, qui n’avait pas quatre vingt ans, depuis long-tems tomboit en ruine, était étayé de toutes parts, lorſqu’on en a commencé les réparations : il s’agit de reconſtruire une aile entiere sur un plan neuf[1]. Il y a déjà

  1. Il eſt question de refaire la façade du côté de l’avenue ſur de nouveaux deſſins du Sr Gabriel. Cela ne s’exécutera qu’à meſure que les Bâtimens auront beſoin d’être réparés…