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États de Bretagne ; & telle eſt celle qu’il faut que vous en preniez, ſi vous voulez en avoir une vraie & bien appréciée.

Mais s’il n’y a plus d’États en France, il faut attribuer cet anéantiſſement à d’autres Corps qui ont voulu s’élever ſur leurs ruines, & qui ſacrifiant les intérêts de leurs concitoyens à leur ambition particulière, ont concouru de leur mieux à les faire diſparoitre. Je veux vous parler des Parlemens. Depuis mon ſéjour dans cette Capitale, j’ai lu tout ce qui a paru pour & contre ſur cette matière, & je vais vous communiquer le réſultat de mes recherches.

Les Parlemens n’étaient dans leur origine qu’un Corps de Légiſtes ou de Clercs deſtinés à aider les Barons ou les Prélats pour rendre la juſtice. Mais comme à la longue le ſavoir doit triompher de l’ignorance, les Clercs ont ſupplanté ces Grands du Royaume, & les ont réduits à n’être plus que de vains ſimulacres dans les aſſemblées, & les en ont exclus tout-à-fait. Du moins la pareſſe de ceux-ci ſe repoſant du pénible travail de diſcuter les affaires ſur les premiers, ils s’en ſont retirés d’eux-mêmes, & cette puſillanimité a été pouſſée au point qu’aujourd’hui les Princes & les Pairs ne vont plus au Parlement ſans l’agrément du Roi[1]. Ces grands Corps

  1. En 1753, lorſqu’il fut queſtion au Parlement de convoquer les Pairs, pour faire le procès à l’Archevêque de Paris, le Roi ne voulu jamais que la convocation eût lieu, & les Pairs s’abſtinrent de venir au Parlement. Il y a