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tout-à-fait bossu. En attendant ma sous-lieutenance, je n’étais pas plus tôt sorti de collége, que j’avais déjà prouvé par quelques bonnes folies qu’il ne m’eût pas été donné d’être un sage ecclésiastique, si mon frère n’avait pas changé les intentions de la famille à mon égard. Il faut que jeunesse se passe, dit mon père pendant quelque temps ; mais voyant que jeunesse ne se passait pas très vite, il se souvint que le mariage l’avait jadis sevré lui-même de ses habitudes dissipées, et il résolut de me marier.

Depuis plus de deux générations, la famille des Tancarville est alliée à la famille de Rollonfort, et, par suite d’une espèce de pacte traditionnel renouvelé à chaque nouveau mariage entre un Tancarville et une Rollonfort, il est convenu qu’une demoiselle de Rollonfort ne peut disposer de sa main que s’il n’y a aucun mâle du nom de Tancarville en état de l’accepter, ou après le refus motivé dudit mâle. Ce contrat se rattache à l’histoire d’une fière dame de Rollonfort, qui, après avoir dédaigné l’amour d’un Tancarville, se vit plus tard réduite à la dure condition d’im-