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blanc comme neige. Le surnom de Simrou se trouvait en même temps, avec une altération légère, l’équivalent du mot sombre dans une bouche indienne.

» Sombre mourut, laissant sa veuve légitime dans un grand embarras, car il n’avait confié ni à sa femme ni à son fils le secret du lieu où il avait caché ses trésors, et le gouvernement de Serdanha allait faire banqueroute quand la belle Persane vint à son aide. Elle vendit tout ce qu’elle possédait, et ayant pris le commandement des troupes, elle fit respecter la veuve du nabab, sauva son enfant et protégea le territoire contre les ennemis du dehors ; enfin, après avoir pris soin de toutes choses, ne pouvant mieux faire, elle prit aussi la souveraineté de Serdanha.

» Un Français de Lorient, homme de cœur et de mérite, M. Levasseaux, commandait l’armée de la Begghum (Begghum signifie princesse). Il obtint toute sa confiance et la décida à embrasser le christianisme. La princesse offrit sa main à l’homme qui lui avait enseigné l’évangile. Quelques années s’écoulèrent ; M. Levasseaux, heureux de cette union, regrettait pourtant la France. Il persuada à la Begghum de renoncer aux honneurs de Serdanha et de se retirer en Europe avec lui. Les préparatifs achevés, les deux époux prirent clandestinement la fuite. Mais à quelques lieues des frontières britanniques, on les prévint que les troupes soulevées les poursuivaient ; bientôt ils furent arrêtés et reconduits séparément à Serdanha sous bonne escorte. Alors Simrou-Begghum fit dire à M. Levasseaux qu’elle avait avalé un diamant ; celui-ci s’imagina que la princesse voulait échapper par suicide aux outrages des vainqueurs et au supplice qu’elle redoutait, et, pour ne pas lui survivre, il se brûla la cervelle.

» La princesse ne mourut pas ; mais, profitant de la faute qu’elle avait commise, un fils du nabab français, le jeune Sombre, avait ressaisi le pouvoir fondé par son père, et il retenait Simrou-Begghum en prison. Par bonheur celle-ci parvient à s’échapper, réunit ses nombreux partisans, s’em-