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deux titres à la fois. Il se trouva à la fin du voyage que ce cumulard du génie, qui disait souvent : nous autres artistes et nous autres auteurs, n’avait jamais exposé un tableau ni publié un livre, mais que, peintre sans atelier, poëte et romancier toujours sous presse, il jouissait sans critiques de sa gloire future et critiquait impunément tous ses rivaux ; fort aimable d’ailleurs, sachant par cœur la vie privée de toutes nos illustrations, et les critiquant plutôt pour prouver qu’il était du métier que pour satisfaire une secrète envie. S’il se décide jamais à mettre au jour ses chefs-d’œuvre inédits, il ira à la postérité sous les noms de Justin d’Allinall.

Le nom du sixième voyageur était ce qu’il y avait de plus distingué en lui, car il appartenait à une de ces vieilles familles normandes qui datent au moins du règne de Charles-le-Chauve. Ce nom frappa vivement l’oreille de Mazade, mais il avait ses raisons pour ne s’en souvenir que lorsque le voyageur bossu, trop jeune pour le connaître, eut dit plusieurs fois qui il était, ce qu’il était, d’où il venait, où il allait. Le voyageur bossu ne se fit pas prier pour