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autant de pitié que de jalousie quand je me représente celle que vous seriez forcé de fuir comme plus malheureuse que moi. En effet, mon ami, mes droits mêmes, je le répète, me rendent moins intéressante qu’elle. Je pourrai maintenant être abandonnée sans rougir ; votre Dolorès, du moment où vous renoncez à elle, tombe dans la classe de ces infortunées que l’opinion flétrit d’un nom infâme, parce qu’un séducteur a abusé de leur crédulité. Je ne veux pas que personne puisse accuser Maurice d’avoir avili une femme qu’il a rendue mère. Adieu donc, Maurice ; puisque votre honneur vous défend de nous tromper toutes les deux, une seule du moins sera malheureuse sans honte, et encore, je le sens déjà en prononçant le mot d’adieu, si doux et si amer en même temps, il y a une bien grande consolation à pouvoir se dire qu’on se sacrifie à celui qu’on aime. Quelque légère que j’aie pu vous paraître, ne vous défiez pas de cet héroïsme de femme ; il me coûte moins que ne me coûterait la douloureuse dissimulation qu’il faudrait m’imposer tous les jours pour ne pas vous