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les personnes s’éloignent si les cœurs se rapprochent. Bientôt vous auriez des regrets à dissimuler : la contrainte et l’amour vont mal ensemble ; la confiance serait bientôt évanouie là où la liberté n’existerait plus ; je serais jalouse de vos moments de tristesse, d’humeur même ; et si dans vos rêves ou peut-être dans vos caresses il vous échappait un nom qui ne fût pas le mien, qui sait si mon amour résisterait à cette épreuve ? Croyez-le, mon ami, ce serait tenter le ciel que d’accepter de vous autre chose que ma justification : vous ne pouvez pas librement m’accorder davantage ; vous vous tromperiez vous-même en me le promettant ; je ne vous exposerai donc pas à subir un devoir qui pourrait devenir une tyrannie.

» Ah ! si votre cœur avait à lutter contre un engagement que vous auriez honte d’avouer, si c’était le repentir qui vous eût ramené à moi et non la froide justice, si j’avais à vous faire oublier une coupable erreur et une rivale indigne de vous, j’aurais de mon côté votre conscience et je ne reculerais pas ainsi ; mais j’éprouve moi-même