Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/377

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un jugement sans appel, et n’éprouverait aucune jalousie à me voir, lui vivant, faire sans hésiter ce que j’ai tant hésité à faire le croyant mort, ce que je n’aurais fait qu’en pouvant me dire que j’étais à peine infidèle à sa cendre, puisque je me remariais sans amour, et pour prouver au monde que celui qu’on accusait de m’avoir avilie m’estimait cependant assez pour me donner son nom ; car tels eussent été mes motifs, monsieur ; et vous croyez, je vous le demande, que Maurice aurait été assez indifférent, assez juste, si mieux aimez, pour m’engager lui-même à l’oublier dans les bras de l’homme qui a dû jadis, s’il m’aimait jadis, lui inspirer une si horrible jalousie ?…

— Oh ! non, jamais ! s’écria le prétendu M. de l’Étincelle, sortant enfin du cercle de froideur dans lequel il avait cru jusque là pouvoir se renfermer ; jamais, madame !

Les femmes connaissent mieux notre cœur que nous ne le connaissons nous-même ; nous sommes encore jaloux alors que nous n’aimons plus, et Maurice s’était en vain persuadé qu’il n’aimait plus Odille, parce que