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lui-ci : après m’avoir crue coupable pendant douze ans, vous pensez que si mon mari vivait, et s’il lui était enfin survenu des doutes en ma faveur, il croirait me devoir peut-être une réparation, mais une réparation dictée par un sentiment de justice, et non par un retour de tendresse. Il viendrait comme un juge me dire : Je me suis trompé, j’ai cru trop facilement ce faux témoin qui s’appelait l’opinion publique ; je vous ai condamnée, mais l’unique et tardive indemnité qu’il me reste à vous accorder, c’est de casser froidement ma première sentence.

— Madame, répondit M. de l’Étincelle, Dieu lui-même ne peut revenir sur le passé. Si votre mari vivait encore, il ne pourrait en effet vous rendre que cette justice froide et incomplète, il vous dirait : Moi qui ai cru être à la fois juste et clément, j’ai besoin à mon tour d’un pardon généreux. Lorsque je me privai volontairement de la compagne qui eût ôté à mon exil toute son amertume, je me croyais seul digne de pitié… elle l’était plus que moi. Je reconnais mon erreur, mais trop tard, hélas ! puisqu’il ne nous reste plus