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peu je cherchai à me monter la tête à moi-même pour surmonter toute espèce de répugnance et de prévention contre l’homme qu’au fond du cœur je ne pouvais mettre beaucoup au-dessus de Mandrin et de Cartouche, quoiqu’il prétendît se grandir jusqu’au piédestal de Napoléon. J’évoquais autour de lui tous ces conquérants de l’antiquité ou du moyen âge, tous ces fondateurs d’empires, ou ces champions de la colère de Dieu que l’histoire a revêtus d’une dignité factice, et qui ne furent peut-être, au plus beau jour de leur gloire, que d’heureux chefs de bandits. Sur cette même terre, dont je pouvais saluer du regard les majestueuses montagnes, pendant que Bénavidès m’associait à ses desseins ambitieux, qu’avaient été de plus que lui ces premiers conquistadores qui y plantèrent l’étendard de Charles-Quint, et se parèrent du titre pompeux de vice-rois des Indes ? Qu’avaient été les Pizarre, les Almagro, les Valvidia, sinon des pirates plus barbares que les sauvages qu’ils venaient égorger ou faire esclaves au nom d’une religion de douceur et de liberté ? Enfin, j’es-