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l’autre ; mais outre la différence d’âge, j’avais une autre objection contre mademoiselle Pescavier : elle était un peu fille savante, et, comme s’il eût prévu qu’elle finirait par devenir maîtresse de pension, mon camarade Mazade l’avait surnommée mademoiselle Férule. Pendant que je ne faisais à mademoiselle Agathe qu’une cour timide, notre intendant militaire, plus résolu que moi, la demanda en mariage. En ce moment j’étais absent de Mantoue pour quelques jours, et M. Pescavier, qui avant tout voulait marier sa fille, l’accorda sans scrupule à M. Duravel, en disant : « Ce pauvre Maurice ! il aura bien du chagrin, mais aussi que ne se décidait-il à parler ? » Je fus forcé de paraître triste pendant quarante-huit heures à mon retour, quoiqu’au fond du cœur je n’éprouvasse pour mademoiselle Agathe que cette tendre estime qui devient tout au plus une tendre amitié après le mariage. À vrai dire, l’excellent M. Pescavier, très sûr de la sagesse de sa fille, n’avait jamais manqué de supposer amoureux d’elle tous les bons sujets de l’armée, ne voulant pas qu’elle perdît l’occasion d’un établis-