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cher Paul, ce n’est pas sa conscience, mais l’effet de ce qu’elle a pris pour une véritable apparition, qui l’a privée de ses sens ? Oui, n’est-ce pas ! on a calomnié sa prétendue légèreté, son amour pour les distractions du monde, comme on avait calomnié sa crédule confiance dans un perfide parent ? Et toutefois, Paul, ses regrets étaient à peu près oubliés, avant qu’une indiscrétion de sa fille eût éveillé ses soupçons ; elle désirait honorablement la liberté de disposer de sa main. Ne serait-il donc pas bien cruel de rendre la vie à cet homme qui, au lieu de la défendre, ne fut pas moins injuste pour elle que les indifférents ? ne serait-ce pas bien cruel de l’enchaîner de nouveau à celui qui a pu cesser de l’aimer après l’avoir jugée sans l’entendre ? Après douze ans de nouvelles habitudes, des deux parts… qu’il serait difficile de se retrouver tels qu’on s’est quitté, de se comprendre encore ! Mieux vaut le spectre d’un mari, quelque effrayant que ce soit d’abord, que ce mari vivant, mais tellement différent de ce qu’il fut, qu’il hésite lui-même à se reconnaître.

— Mais qui êtes-vous ? demanda Paul en