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inspirée, j’obtins un succès qui me prouva que le directeur avait raison. Ce succès se prolongea six mois, et, au bout de ce terme, je reçus des offres pour l’Académie royale de musique. Voilà bientôt deux ans que la faveur du public parisien ne s’est pas démentie, et cet été le public de Londres m’a jeté aussi des couronnes. Eh bien ! mon cher Paul, je vous l’avouerai, ma vanité n’est pas satisfaite ; je ne suis encore que princesse de théâtre, ou plutôt il me semble quelquefois, pour revenir à mon rêve de la pantoufle de verre, qu’il est temps que Cendrillon quitte le bal et que le prince qui est devenu amoureux d’elle vienne lui offrir sa main. Un désir ne m’a jamais abandonnée, moi qui ai semblé renoncer à tous les souvenirs du pays natal, moi qui ai traduit mon nom en français de peur que mes compatriotes ne me reconnussent sur l’affiche où il est écrit en grosses lettres pour attirer la foule…. Il me serait doux de retourner en carrosse à Arles, d’aller fièrement pardonner à ma marâtre, de porter des cadeaux à toutes mes anciennes compagnes, et de m’entendre appeler par elles