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grand secours pour mon inexpérience de jeune fille à la fois délaissée et opprimée, lorsque les beaux messieurs de la ville m’offraient leurs perfides consolations. Je sentis de bonne heure que j’étais perdue si ma marâtre pouvait me reprocher un faux pas avec un noble ou un bourgeois qui m’aurait trompée par une vaine promesse de mariage. Ma fierté me défendait encore mieux contre mes égaux. Cependant la persécution pouvait finir par me jeter dans les bras de quelque amant, peut-être même d’un malotru, qui m’aurait arrachée à une odieuse domination, si la pensée que je pouvais être un jour malheureuse sous les yeux de ma persécutrice et l’irrésistible entraînement de ma destinée ne m’avaient décidée à fuir le pays.

J’avais rencontré chez madame A***, la marchande de modes, madame Phillis, une des actrices de la troupe départementale qui venait à Arles donner des représentations d’été. Ma figure lui avait plu au premier abord ; elle m’avait invitée à monter quelquefois dans la chambre garnie qu’elle occupait dans la maison de madame A***. Je