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cornes dans une course ordinaire, ou manie le trident comme un taureador espagnol dans une ferrade ? Or, tel était à peu près dans son temps le bisaïeul du héros de notre histoire, Maurice Babandy, surnommé lou Beou Kalignaïre « le bel amoureux. » Ce sobriquet me dispense de vous dire comment à trente ans Babandy avait troublé je ne sais combien de cœurs arlésiens, et portait la tête haute malgré ses nombreuses perfidies en amour, se fiant, disait-il, pour ne pas être lapidé par les « victimes » qu’il avait faites, sur leur charité chrétienne ; car il s’appliquait le mot de l’Évangile : « Il lui sera beaucoup pardonné, parce qu’il aura beaucoup aimé. »

Heureux Babandy, s’il n’avait aimé que le beau sexe, de tous les goûts arlésiens le moins dispendieux, disons-le à l’honneur de nos beautés désintéressées ; mais quelquefois aussi dans sa vie de bourgeois, c’est-à-dire dans sa vie d’oisif, Babandy se laissait aller aux distractions plus dangereuses et plus chères du tapis vert, et comme on ne saurait être heureux en tout, d’après un certain