Page:Pichot - Le Dernier roi d'Arles, d'Amyot, 1848.djvu/97

Cette page n’a pas encore été corrigée

86 ESSAI HISTORIQUE

Rhône rivaliserait avec la Mersey de Liverpool^ la Glyde de Glascow, et ces autres fleuves océaniques qui donnent à la Grande-Bretagne ses havres les plus vastes et les plus sûrs. Plus d’une fois, je Tavoue, quoique visitant plutôt en artiste et en poëte qu’en économiste et en homme de science, ces villes maritimes où les travaux de Tart ont si bien secondé et corrigé tour à tour la nature, je me suis reporté en imagination à ces temps où Fédit d’Honorius et d’Arcadius désignait Arles comme la métropole de la Septimanie , parce que sa situation appelait naturellement à son port tous les produits des trois parties du globe alors connu ; puis, suivant la fatale dégradation des siècles, je me suis demandé si au génie anglais il serait exclnâvement réservé de pouvoir désormais conquérir le monde par la navigation ? Non, la France a su aussi créer les bassins d’Anvers et de Cherbourg. Si l’Angleterre du moyen âge donna à Arles un jurisconsulte, Gervais de Tilbury, ce n’est pas lorsque la France du dix-neuvième siècle prête Brunel à l’Angleterre, qu’elle nous laissera invoquer l’art des ingénieurs anglais. Si, dans cet écrit comme ail* leurs, j’ai pu citer des modèles étrangers à mes compatriotes, nul ne saurait suspecter mon dévouement à la patrie arlésienne comme à la patrie française^ dont j’ai su peut-être aussi à propos rappeler quelquefois , dans la presse étrangère, l’antique grandeur et la grandeur nouvelle. En attendant que la drague à vapeur, ou toute autre invention du génie moderne, fassent franchir la barre des embouchures du Rhône aux navires des Indes, de l’Amérique et des mers du Nord, la voie de fer qui va traverser Arles doit, sous le rapport du commerce et de l’industrie, exercer une influence incalculable dans cette ville morte, trop longtemps abandonnée sous la poussière