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80 ESSAI UISTOBIQUE

tement était complet. Le préfet ^ M. le comte Thibaudeau , habile admioistrateur , était de ces préfets dévoués qui grossissaient volontiers , disait-on^ la liste des conscrits y et les réfractaires peuplaient les marais d’Arles ; ce qui explique peut-être comment un si faible contingent d’illustrations militaires a été fourni par Arles à TEmpire. I<e comte Thibaudeau en exprima deux ou trois fois sa surprise malicieuse aux nobles d’épée qui Tentouraient avec tant d’obséquiosité lorsqu’il visitait la ville. Les nobles d’épée feignaient de mal entendre , et quelques-uns surent plus tard faire figurer ce reproche sur leurs états de service, lorsqu’eu 1814 la nouvelle génération apprit tout à coup à Arles qu’elle comptait parmi ses pacifiques citoyens des colonels et des capitaines de vaisseau qui avaient servi la patrie invisiblement depuis la Révolution. La nouvelle de l’entrée du duc d’Angoulême à Bordeaux mit eu émoi la ville d’Arles. La génération à laquelle j’appartiens, élevée dans les lycées ou collèges de r£mphre , se demandait s’il était bien vrai qu’il y eût encore des frères et des neveux du roi Louis XVL Mais quand on sut l’abdication de Fontainebleau , on était parvenu à connaître tous les princes de la famille royale, et, en proclamant leur retour^ on n’oublia pas de se féliciter du titre de comte de Provence porté jadis par Louis XVIIÏ, avant qu’il prit celui de comte de Lille. D’anciens royalistes, s*écriant qu’ils l’avaient vu à Arles avant la Révolution , vantèrent la grâce de sa personne. La fille du roi martyr, au noble front de laquelle Dieu a voulu épargner cette couronne qui lui apparaissait toujours comme tombant tonte sanglante de la tôte de son père, cette héroïque princesse fut tout d’abord populaire à Arles : mais quel prince de cette race infortunée ne le fut pas, à commencer par celui-