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SUB ÀHLES. 77

combattre et se proscrire. Les royalistes se distinguaient par la dénomination de siphoniers^ et portaient comme signe de ralliement un petit’ siphon à la boutonnière ; les démocrates portaient une pièce de monnaie trouée, et s’appelaient monnaidiers ; ce qui n’excluait pas de part et d’autre les appellations plus générales, les sobriquets ou les épithètes d’outrage et de dérision. Nous sommes trop près encore de ces temps de crise sociale, nous, enfants des proscrits ou des proscripteurs , pour dire impartialement les luttes de nos pères. Autant que nous pouvons résumer ce que nous avons entendu raconter dans notre enfance de la terreur d’Arles, il nous est doux de déclarer que, comparativement du moins à ce qui se passa dans les cités voisines , Marseille, Avignon, Orange, Tarascon, l’historien n’aurait à flétrir aucune de ces scènes tragiques dont tous les partis repoussent la responsabilité avec la même horreur. L’action du dehors fit encore ici le malheur d’Arles : témoin la marche de Cartaux sur la ville, ce général ne trouvant pas le ;zèle républicain à la hauteur des circonstances. Le camp de Jallez, où s’étaient rendus beaucoup d’Arlésiens, et dont il est question dans le procès de Louis XVI , fut aussi un prétexte de proscription funeste aux royalistes des bords du Rhône.

A Paris, l’archevêque d’Arles (Jean-Marie Dulau) s’était fait remarquer à l’Assemblée constituante. Dépouillé de son titre par la constitution civile du clergé, c’était un vieillard nonagénaire lorsqu’on l’incarcéra au couvent des Carmes de la rue de Vaugirard. T^s assassins de septembre avaient ordre de ne pas l’épargner ; ils l’appelèrent nominativement. Le vieillard accepta cette sentence en saint martyr. 11 va à ceux qui l’appellent ; « Je suis celui que « vous cherchez , leur dit-il ; épargnez ces dignes prêtres .