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74 ESSAI HISTORIQUE

bourgeois d’Arles ressemblait d’ailleurs à celle des nobles, car les uns comme les autres tenaient à vivre noblement ; ce qui signiGait vivre, non pas avec luxe, car nobles et bourgeois arlésiens sont au besoin sobres comme des Espagnols, mais sans rien faire, pour peu qu’un petit revenu leur permit d’être propriétaires malaisés , ou avocats sans cause , chassant la perdrix en Grau et le canard sauvage en Camargue. Malheureusement Arles était un pays de chasse , offrant toutes les ressources d’un sol varié à cette activité du corps , qu’il est si doux aux oisifs d’Arles de substituer à l’activité de l’esprit ; et puis la vie nomade du chasseur sous notre ciel bleu, c’est encore de Findépendance. Ajoutons enfin aux séductions de l’oisiveté arlésienne les mœurs faciles de ces artisanes à la physionomie si tendre ou si agaçante, dont la conquête est une occupation ; car elles sont trop ûères pour se vendre, et il faut qu’on leur plaise pour qu’elles se donnent. Le costume des Arlésiennes, que les variations et la mode ont depuis tout à fait altéré , donnait un attrait de plus à leur beauté célèbre. Nous avons pu , dans notre jeunesse , jen admirer la coquetterie , quoique déjà nos grand’mères prétendissent qu’il n’était plus fidèle à la traen forme de roniant, conlenant les hauts faits et les nobles services de ses ancêtres rendus à nos roys et nos comtes, aux conquestes de Ifaplcs, de Jérusalem, de Sicile, d’Arles, de Nice, de Pied mont, etc., qne les uns fbrent hautement ennoblis et décorez de la ceintnre militaire , les autres richement recompensez de plusieurs places et seigneuries de grands re ?enns, dont la postérité des nus a ensuivi la vertu, aimé et honoré les sciences : des autres s’est fondue au vin, à la paillardise, à la fainéantise et l’ignorance. Au moyen de quoy leurs noms avec foute leur noblesse sont deHieurcz sans honneur et sans mémoire contiiHiée, engloutis au lac de l’oubli. » (César Nostbe-Dauë, Histoire de Provence, iu-fol., p. 644.)