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lonnes servant de bornes , ou dégradés par de plus vils usages, contribuaient à cette mélancolie d’une ville si dépeuplée relativement à son étendue ; mélancolie qui a son charme comme celle de Rome, et qu’a si bien exprimée, il y a quelques années, le plus illustre de nos voyageurs poètes, M. de Chateaubriand, lorsqu’il a dit : » Je n’ai point rencontré, dans ines courses, de site qui m’ait plus tenté pour mourir que lévite d’Arles. » Ce n’est pas là toutefois la sensation que fait éprouver la perspective qui s’offre à vous de la terrasse du rempart où s’élevait le Vauxhall, admirable diorama qui se déroule jusqu’à la ceinture humide du Rhône ; mais l’impression de mélancolie se reproduit plus intense lorsque vous descendez à la vaste nécropole d’Alyscamps ou des Champs-Elysées. Sous Louis XIY, on commençait à spolier aussi cet asile, où s’étaient reposées les générations païennes avant les générations chrétiennes. Cependant le cimetière conservait son caractère ; les chapelles funéraires de quelques grandes familles, et l’église mi-byzantine et mi-gothique de Saint-Honorat, aujourd’hui à moitié démolies, protégeaient au moins les sépulcres adossés à leurs murailles. L’histoire d’Arles se retrouve tout entière dans les Alyscamps, traduite en monuments funèbres depuis les canopes galloromains antérieurs à riutroduction du christianisme, jusqu’à l’urne dédiée aux consuls qui périrent martyrs de leur patriotisme pendant la grande peste du dix-huitième siècle. La tradition veut que Jésus-Christ en personne ait béni la nécropole païenne pour en faire un saint cimetière, à la prière de saint Trophyme, qui y avait dédié une chapelle à la Vierge encore vivante (sacellum dedicatum Deiparœ adhuc viventi) ; une autre chapelle (dite de la Genouillade), analogue à celle de Domine quo vadis ? près