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de Charles le Téméraire ; car il a laissé surtout une mémoire de poëte et d’artiste ! En lisant tout ce qu’il fit pour réglementer d’innocents tournois^ des fêtes de cour, dos danses villageoises et des processions, on croirait qu’il avait ramené l’âge d’or dans ses États. Les jeux de la Tarasque, institués par lui, donnent presque une authenticité historique à la l^^de de sainte Marthe, qui aurait dompté autrefois un dragon dans le territoire d’Arles. Nous remarquerons à cette occasion que le roi René confirma au chef de la famille d’Arlatan le privilège de prélever une redevance sur la récolte du vermillon. Ce privilège remontait à une époque de date douteuse, où la Crau avait été visitée par un de ces monstres antédiluviens, espèce de crocodile ou tout autre animal féroce (terrestre ou marin), dont on exagéra les ravages, en disant qu’il dévorait hommes , femmes et enfants. L’ancêtre des d’Arlatan, après avoir reçu les sacrements, était sorti de la ville armé de pied en cap, pour aller combattre le monstre : il l’attaqua sur un tas de vermillon, et lui enfonça sa lance dans la gueule. Lorsqu’il le vit affaibli par la perte de son sang, il appela son jeune fils qui avait suivi son père à distance, lui remit sa lance, et enjamba ranimai. Après avoir chevauché ainsi quelque temps, il lui coupa la tète. L’église Saint-Antoine d’Arles a longtemps conservé la dépouille de ce crocodile, à côté des reliques du saint auquel elle est dédiée ’. En mémoire d’un pareil exploit, le tueur du crocodile reçut le surnom emphatique de Libérateur , et nous voudrions avoir l’autorité de quelque archéologue pour rattacher la tradition de ce haut fait, digne du célèbre naturaliste Waterton, à

(c T^mplum s. Antonii, in quo reliquiœ ejus argento deaurato inclusse, 

exume item crococUli. » ( Jodoci Sjmcebj , Itiner, Galliœ ; Amstelodami, mdcxlix.)