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48 ESSAI HISTORIQUE

le prolongement da siège minait tonte la richesse d’une Tille de tout temps plus agricole que commerçante ; et qui ue pouvait pas abriter derrière ses remparts les milliers de bêtes à laine qui couvraient une partie de ses domaines. Les mesures rigoureuses qu’exige la défense de tonte place menacée du dehors étaient taxées de tyrannie ; Barrai des Baux éluda la prolongation de ses fonctions de podestat «  laissant le gouvernement à trois citoyens, et puis contrariant sous main l’autorité dont ils avaient besoin pour contenir la faction contraire. Le mot de capitulation fut enfin prononcé : huit ambassadeurs (les deux gouverneurs, trois gentilshommes et trois bourgeois) allèrent à Tarascon discuter pour la forme, avec Charles d’Anjou, les articles de la convention qui abolissait .à jamais la république ; dernier acte scellé du sceau de la souveraineté populaire. Par l’article vingt-troisième, qui prouve sans doute la précaution du traître, et qui fut contredit quelques mois plus tard dans un traité particulier. Barrai des Baux (qu’on le considérât ou non comme citoyen de cette ville). était excepté de l’amnistie accordée à tous les citoyens d’Arles ! Mais, encore une fois, il y a quelque chose de si infâme dans une trahison longuement préméditée , qu’il faut des preuves pour en accuser une classe ou même un chef ambitieux. La république d’Arles tout entière pouvait bien céder à un de ces accès de découragement qui, dans une crise pareille à la sienne, n’a que trop souvent accablé de plus grandes républiques, de plus grandes cités , Athènes comme Borne, Paris comme Venise. Il vient un temps où, en présence des cruelles réalités d’un blocus ou d’un assaut imminent, les plus beaux rêves de liberté et d’indépendance s’évanouissent. L’enthousiasme n’apparaît plus que comme une folie, le patriotisjne s’appelle esprit de faction,