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44 ESSAI mSTOBIQUE

la capacité sans titres n’est qu’un motif de jalousies exigeantes, sinon d’exclusion. De tout temps un chef aristocratique a flatté la vanité républicaine. Les bourgeois et le peuple d’Arles virent avec joie que leur allié Barrai , seigneur des Baux et de Trinquctaille, se compromettait plus qu’aucun des plus démocrates d’entre eux, parles déclamations de sa baine contre Charles d’Anjou et l’archevêque. 11 se disait « l’ami des excommuniés, et l’ennemi de eeux qui se faisaient absoudre, • Toute mesure violente contre les personnes et contre les propriétés avait en lui un avocat ardent y au besoin un exécuteur volontaire. Le patriotisme des trois tribuns de cette époque, Yentairon, Etienne et Pons Gaillard, paraissait tiède auprès du sien : malgré la loi qui voulait que le podestat ne pût être élu parmi les seigneurs qui possédaient des terres dans le territoire d’Arles , Barrai , quoique seigneur de Trinquelaille , faubourg d’Arles, fut imposé par la multitude au choix de douze électeurs chargés de nommer le successeur d’Albert de Lavagne. Si les grands noms ont un prestige pour la bourgeoisie et le peuple de tous les pays, il y avait pour nos aïeux un prestige tout particulier dans la grandeur de cette maison des Baux, dont une généalogie fabuleuse faisait remonter l’origine jusqu*à Balthazar, un des trois rois mages, et qui depuis un siècle avait plus d’une fois balancé dans le Midi l’influence du roi d’Aragon^ du comte de Toulouse et du comte de Provence. Le rocher qui lui donnait son nom s’élève à quatre lieues d’Arles, couronné des ruines de la forteresse d’où tous ces seigneurs guerriers et pillards s’élançaient, comme les aigles de leur aire. 11 semblait du reste que la maison des Baux avait atteint l’apogée de sa puissance territoriale, et n’avait plus que l’intérêt légitime de la conserver sans rien acquérir, une tradition supersti-