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SUR ABLRS. 48

exil ; et il finit en effet par s’estimer heureux qu^on lui permit de sortir de la ville, après qu’il eut donné des garanties an sujet des dettes contractées par lui envers les divers fournisseurs de Tarchevôché. Une fois parmi les ennemis de la république, Jean Baussan combattit avec eux en se servant des armes ecclésiastiques ; chaque nouvel acte des républicains provoquait ces foudres d’excommunication dont il avait toujours été prodigue. Quelquefois le prélat semblait s’attendrir et pleurer sur Arles, comme autrefois le Sauveur sur Jérusalem ; et il publiait des homélies sous forme de lettres, qui touchaient aussi peu que ses anathèmes, ainsi que l’atteste un sirrente du troubadour arlésien Bertrand d’AUamanon , qui propose d’enfermer Jean Baussan comme en démence, ou de le faire brûler vif comme incendiaire.

La mort du dernier comte de Toulouse, dont l’unique héritière avait épousé Alphonse, frère de saint Louis et de Charles d’Anjou, aurait dû faire réfléchir nos républicains sur la crise de leurs affaires ; car ils avaient espéré qu’il se déclarerait contre le rival qui l’avait supplanté auprès de la fille de Raymond Bérenger. Mais l’effet de cette mort était balancé par la nouvelle de la captivité du roi de France et de tous ses frères. Malheureusement pour Aries, le bon ange de saint Louis, sa mère, qui suffisait pour tenir tète aux grands barons territoriaux des provinces françaises, veillait aussi sur les États de son fils Charles , et n’avait pas en vain recours à sa poUtique habituelle de diviser ses ennemis. Blanche trouva , à la tète de la république même , un traître plus fatal que Jean Baussan , parce qu’il sut, plus habile que le prélat, couvrir sa trahison du masque d’un dévouement exalté. Un titre nobiliaire suffit maintes fois à la fortune d’un homme médiocre^ là où