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42 ESSAI HISTORIQUE

préférèrent former dans la ville un parti secret favorable à ses prétentions , parti auquel se rallia bientôt Tarchevôque. Un moine , appelé frère Jean , servait d’émissaire entre ces traîtres appelés faydiii ou francigènes [f rancigenœ ) , et les gens du comte, qui, véritables huissiers à cheval, le sénéchal de Provence à leur tète, commençaient à faire des incursions armées sur le territoire de la république , sous prétexte de continuer leurs procédures, on d’exécuter des jugements contre des vassaux rebelles ou contumaces. L’émissaire se laissa surprendre, et fut chassé de la ville, non sans avoir dénoncé quelques conspirateurs. Le parti démocratique avait à sa tête Bertrand Venlairon et les deux frères Etienne et Pons Gaillard, hommes énergiques, qui ne voulurent pas que le statut contre les traîtres restât une lettre morte. Malgré le podestat, — car on avait eu recours à cette magistrature en 1249 , et il s’était^ trouvé un seigneur assez aventureux pour en accepter les fonctions, — malgré le podestat Albert de Lavagne , quelques-uns des individus dénoncés par frère Jean furent décapités ; d’autres furent condamnés au bannissement perpétuel ; et Tarchevèque ayant osé intervenir en prétendant que^c frère Jean était un ambassadeur pacifique, venu dans la ville pour réconcilier Arles avec le comte de Provence, on prit acte de cet aveu, et le prélat se vit traité lui-même de traître. A cause de son caractère épiscopal, on se contenta de le séquestrer dans son palais, avec défense formelle à tons les citoyens de communiquer avec lui, sous peine d’encourir une poursuite de trahison. Des sentinelles barraient d’ailleurs l’entrée de sa porte. 11 affecta de se dire malade ; son médecin ne put le visiter ; son barbier se présenta , et fut repoussé de même. Évidemment on espérait le forcer à solliciter lui-même son