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40 * ESSAI HISTORIQUE

quement ou en secret (palarn vel privatim) , de livra Arles à la puissance ou seigneurie d’aucun seigneur, woii à perpétuité, soit pour un temps. C’était presque déclarer traîtres ceux qui araient naguère inféodé la ville à Ray* mond Bérenger. Aucune réaction n’eut lieu toutefois , et cette année-là Tarchevèque Jean Baussan fut réduit à se quereller avec son chapitre.

Charles d’Anjou cependant montrait une certaine modération , ou du moins, forcé de différer ses projets de violence, il semblait vouloir ne rien réclamer de ses droits qu’après avoir mis toutes les formes de son côlé. Cette usurpation légale s^annonçait déjà comme une invasion de jurisconsultes digne de la chevalerie de Normandie, ou de cette autre province plaideuse limitrophe de l’Anjou. « Tandis qu’il allait recevoir l’investiture de son apanage de la Loire, Charles infesta la Provence (dit un troubadour contemporain) d’une troupe de conseillers et d’avocats. » C’étaient des espèces de commissaires chargés de faire la recherche des titres que les comtes de Provence avaient eus jadis sur les villes et les seigneuries qui se prétendaient affranchies de leur juridiction. Ces gens du comte dressaient des actes, citaient les parties ; et comme celles-ci déclinaient leur compétence , ils prenaient jugement par défaut. Les villes d’Avignon et dé Marseille, inquiétées par ces procédures, proposèrent un traité de ligue défensive à la ville d’Arles , et l’allié nouveau de celle-ci, le seigneur des Baux , entra dans la confédération.

Les alliés s’obligeaient de fournir chacun cent cavaliers en temps de guerre, et cinquante en temps de paix. Marseille et Avignon devaient en outre ajouter dix navires à la flotte d’Arles. Un pareil traité était presque une décla-