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38 ESSAI HISTORIQUE

armée eût été aussi du goût de l’impétueux Charles d’Anjou ; mais il consentit à se laisser diriger par Blanche de Castille sa mère, la sage reine qui avait si bien préparé le règne de saint Louis , et négocié de si heureux mariages pour les aînés de Charles. A la tète de la régence, nommée par le testament de Raymond Bérenger , était ce Romée de Villeneuve^ un des rares saints politiques que le Dante jugea dignes de son paradis. Ce grand ministre, cet homme vertueux , couronné de l’auréole des légendes et glorifié par l’histoire, il nous en coûte de le louer, quand, nous plaçant au point de vue de la nationalité provençale , nous avons à regretter que , désespérant de cette nationalité, il ait confié à une domination étrangère la dot de Béatrix et les destinées douteuses de son pays. Plus soigneux de la grandeur de la fille de son maître que des intérêts de l’unité méridionale, Romée avait donné des rois pour époux aux trois premières. En mariant la dernière au frère de saint Louis , il lui prédit qu’elle porterait un jour une couronne comme les autres ; et, dans sa pensée , le ministre provençal renfermait peut-être l’ambition de Charles d’Anjou entre les Pyrénées et les Alpes, où, en imitant les rois de France, parvenus peu à peu à relier sous leur suzeraineté les grands fiefs de la couronne et les municipalités des villes, on pouvait recomposer le royaume d’Arles, et donner plus de cohésion à ses anciens éléments’. Quoi qu’il en fût des prévisions de Romée, Charles d’Anjou , une fois prétendant accepté , ne

A savoir le comté de Provence, le comté de Forcalqiiier, le comtat 

Yenaissin, la vicomte de Marseille, la principauté d’Orange, le Dauphiné, Nice et le duché de Savoie, la principauté de Monaco. A ce royaume seraient venus se souder naturellement le Languedoc et la Guienuo.