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6 ESSAI HISTORIQUE

Les Grecs appelaient Arles ihéline (la fertile) ; mais quel établissement y firent -ils ? on Tignore. 11 n’y a rien de grec à Arlesque quelques mots de l’ancien idiome, signalés par M. Faoriel. L’origine des jeux athlétiques de la course, de Ja lutte et du saut ; celle de laîarandoule, cette danse populaire qu’on voit représentée sur les vases antiques, etc., etc., peuvent bien remonter à une colonisation grecque. L’institution, longtemps conservée, d’une reine du printemps, la Maïa , cette déesse annuelle , qui présidait aux jeux de mai, avait la même source*. On peut donc, sans risquer une fiction classique improbable, s’imaginer que lorsque le beau théâtre édifié à Arles par les Romains, et faussement attribué aux Grecs, initia les habitants des bords du Rhône à la noble poésie de Sophocle, et à ces plaisanteries salées d’Aristophane, qui devaient charmer plus encore l’Arlésien un peu frondeur, cette belle langue réveilla un ancien écho grec sous le portique, dont il reste encore debout deux élégantes colonnes en marbre d’Afrique. Cependant il faut rejeter comme un roman sans authenticité les amours de Prothys, le roi grec de Marseille,

Voici comment en parle César Nostredame, dont nous abrégeons 

le style pittoresquement diffus : « La coustume est très ancienne de clioisir des pins belles et jeunes filles, que Ton attiffe gorgieusement, avec couronnes de fleurs, guirlandes, joyaux et accoustrements de soye, sur des throsnes et sièges élevés, en guise de jeunes déesses appelées Mayes^ auxquelles tous les passans sont obligez de contribuer quelque pièce d’argent, moyennant un baiser. Si qu’aucuns, par manière de risée et de plaisir, dioisissent des yieilles édentées ou de grosses pataudes et chambrières enfumées, crasseuses et laides, qu’ils font parer^ farder, sublimer, rosetter et endàmoyscllcr à cet effet, des faveurs desquelles ceux qui passent, tirez à force par leurs capes et manteaux, se rachètent non par baisers, mais par argent, qu’on employé après en quelques paires de souliers, etc., etc. »