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d’antre tort que de croire avoir dans le noble roi des animaux un autre lion d’Androclès, parfaitement apprivoisé par cet autre captif qu’il dévora.

— « Je crains bien, dit Ârmande, qu’on ne vous ait raconté inexactement cette aventure.

— « Dans le fait, reprit le maréchal, je ne sais pourquoi, avant de la consigner dans le livre que je rédige en ce moment, je ne me suis pas adressé à Toos-mème, qui pouviez si bien me renseigner sur les mœurs d’un animal dont, depuis Aristote, nous sommes tous d’accord pour proclamer la générosité. . • Comment le lion se brouillat-il donc avec son compagnon de prison ? et quelle offense avait-il reçue de lui, pour justifler sa vengeance horrible et sa féroce gloutonnerie ? 11 paraîtrait que la victime était un scélérat qui aurait mérité d’être dévoré par Satan en personne. »

Armande Ferréol ne put s’empêcher de sourire de la bonne foi avec laquelle un homme si savant avait tout d’abord accueilli et accrédité le premier un bruit populaire. La cause de sa visite se rattachait justement à l’histoire du lion : son bon sens et sa franchise lui dictaient spontanément la réponse vraie ; mais sans doute aussi elle avait un innocent intérêt à voir jusqu’où pouvait aller la crédulité de l’illustre maréchal. Elle hésitait donc à dire ce qu’elle savait ou croyait savoir mieux que lui. Celui-ci s’aperçut de cette hésitation.

— - « Quoi donc ! dit- il, ma question serait-elle plus embarrassante que je ne me l’imaginais ? Ce lion était-il un vrai lion ? ou, sous cette enveloppe de lion, la ville avait-elle pour hête un de ces monstres mixtes, moitié animaux, moitié démons, qui fréquentent encore ces contrées ? Le sacristain Godion m’assure qu’il y a trois mois, on a en- .