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air, comme l’attestent encore les bancs de pierre ou sedili, adossés au palais, sur lesquels les juges s’asseyaient patriarcalemeut. I3ne légère bise ne déplaisait même pas à ceux qu’attirait plus particulièrement le continuel passage des dévotes allant à l’église métropolitaine, ou en revenant. 11 faqt avouer cependant que de nos jours encore, quand cette bise se change en mistral , le Plan de la Cour est le quartier où les galants eux-mêmes ont besoin de croiser le plus soigneusement leurs manteaux.

Dans le moyen âge comme aujourd’hui, la Cour de justice y bâtiment peu gracieux d’aspect , au faite crénelé , renfermait la prison aussi bien que le prétoire ; et tout semble indiquer, sauf l’avis des archéologues, que cet édifice n’a subi depuis six siècles que très-peu de modifications architecturales, la ville d’Arles n’étant pas encore de celles où la philanthropie donne de vrais palais pour résidence aux repris de justice.

Si quelque philanthrope de ce temps-là, devançant son siècle , se fût avisé de plaindre les hôtes forcés de la conciergerie ou prison d’Arles, il aurait trouvé un premier contradicteur dans maître Armand Ferréol , le digne gouverneur ou geôlier, qui s’estimait lui-même le plus heureux fonctionnaire de la république, et prétendait que c’était la faute de ses pensionnaires s’ils n’étaient pas, comme lui, contents de leur sort. Ils devaient, disait-il de bonne foi, remercier le ciel des loisirs d’une retraite à la porte de laquelle venaient expirer tous les bruits importuns d’un monde fort peu regrettable, où ils auraient achevé de se dépraver au milieu de mauvaises passions déchaînées par l’anarchie sociale. Dans l’enceinte de la geôle, maître Ferréol se vantait de présider à un État politique parfaitement discipliné, où chacun était à sa place, sans aucune envie