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SABBAT

surtout ! — puisqu’il leur est permis d’aller y déployer leur danse.

Qu’ils versent inépuisablement le vin d’espoir, nos échansons intarissables !

Qu’ils parlent coutumièrement de l’éternité. Qui, sinon eux, en auraient le sens ? Je dirai : l’instinct.

Qu’ils se projettent sur l’azur, dans une gloire toujours plus victorieuse, puisque, là, est leur vérité et leur symbole.

Et quand il rencontre Dieu, qu’il lui dise donc, le Poète :

« Je salue, en toi, ma présence. » —

— Serions-nous vraiment si magnifiques, sorcière ?

— Oui, par l’allégresse. On n’aide personne avec ses sanglots, mais, moi, je sauve ce que je veux quand je danse. En riant, devant un désespéré, c’est comme si je donnais un coup de cymbale sur la porte retentissante du bonheur, et, musique en marche, bientôt, je ferai tomber les murailles, et, comme un troupeau longtemps captif, je pousserai les astres devant moi…

— Pourtant, sorcière, si tu as quelque lecture, tu dois te rappeler qu’il est des chants désespérés dont l’écho sera à jamais cher à l’âme des hommes, qu’il fut un pélican funèbre qui ne cessera pas de battre des ailes sur