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SABBAT

gnols qui se voilent de leur musique… Des tribus d’éphémères qui tournent, m’entraînent et meurent au moment où j’étreins l’indicible…

…Des colombes agressives que je chasse de ce geste vaincu qui révèle mon âme à jamais insoumise… La seconde qui frémit à mon doigt comme une libellule qui voudrait ouvrir ses ailes… Le silence qui écoute, autour de moi, des choses que je n’entends plus et que je recherche avec cette ferveur des angoisses adorables…

…Des rubans qui multiplient, à mes bras, l’effleurement de leur azur léger… L’aile en forme de poignard des hirondelles voyageuses, leur cri qui en est comme le scintillement rapide et dur… La plainte du grillon dans sa solitude d’herbe… Une sandale empourprée par l’aurore et qui danse pour un berger tandis que, moi, dans le miracle de la plénitude, je suis la gloire du mouvement !

…Le courlis qui fend l’épaisseur de l’humidité végétale d’un vol guetté par les chasseurs alors que j’éprouve, aussi, l’ivresse de la fuite sous l’œil brûlant de l’embuscade…

…Cette odeur de violette quand le crépuscule est un automne si doux dans l’automne, et, moi, cette saison comblée de langueur…

…Ce collier qui fait causer l’Orient à mon cou… Cette robe blanche que je passe et qui, soudain, est la robe rouge que je déchire dans la délivrance…

Ah ! sorcier, voilà mes rêves. J’en ai tant