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SABBAT

nes que les gouttes des cierges funèbres… Le cri d’un saint qui n’ose plus mourir…

Votre santé ? Un esprit malin l’anime. Détestez, en elle, la tentation insolente et rieuse, Mais si vous méritez l’humble état de maladie, redoutez, en lui, la tentation tremblante et plaintive. Voyez-vous, quoi qu’on fasse, dans la vie mortelle, on ne fait que changer de démons. Quels sont les plus éprouvés parmi nos frères ? Les florissants ou les desséchés ? La joie est-elle plus tentée que la douleur ? La chair est-elle plus faillible que les os ? Le jeûne ne nous damne-t-il pas autant que le pain ? Et l’éternel piège n’est-il pas tendu de la soie des chasubles à la bure des frocs ? »

Ah ! « pauvre ! », comme on dit chez nous et avec un accent qui aurait désarmé Jéhovah, lui-même.

Il fallait, après cette entrevue de l’Oblat et de la sorcière, voir les dix-sept ans de celle-ci !

Un soir, le Pascal décharné de Jansénius, elle l’entrevit sur le seuil de sa destinée éternelle.

Dès lors, elle refusa le pain au lait du dimanche, la promenade du jeudi où, tout en allant rendre visite aux « Solitaires », farouches nonnes cloîtrées, on achetait un sou de cacahuètes dans la banlieue rongée de lumière et fleurie, parfois, d’un pantalon de fantassin.

Accablée par cette idée qu’elle était un in-