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SABBAT

raculeuse Dame au pied fourchu : la Poésie ne quittait plus l’enfant exaltée et farouche.

Un jour, elle jeta les violettes de Thaïs sur les pieds énormes et cornés d’un prophète, roc habité par la pénitence, les criquets dévorants et les vents parfumés du sud… Un soir, dans le cristal sensible d’un vase pur rêvant sur un petit autel isolé, elle entendit tinter la perle de Cléopâtre… Une autre fois, elle y vit tomber, adorablement, l’obole de Marie l’Égyptienne qui fut accessible, à force de sainteté, à la concupiscence des passeurs…

Mais Dieu ? Mais Dieu ? Mais Dieu ?

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Quant au confessionnal, ce cachot où clapotent, dans l’ombre, les égouts de la misère et de la médiocrité humaines, cette boîte coiffée de poussière — et de quelle symbolique sculpture ! — je l’avais en horreur. Il n’y tombait, de mes lèvres, aucune confidence dont je pusse rougir, mais j’étais… délicate, et je crois que ma délicatesse fut la raison première de toutes les révoltes de ma vie. J’abominais le prêtre dans cette prison ridicule et triste. Il sentait la sacristie et la laideur, il posait sur moi des lunettes troubles et curieuses, il soupirait à tort et à travers, m’offensait par ses questions, et puis, le « combien de fois ? » qui suit l’aveu a touours semblé, à mon esprit vite diverti, le leit-motiv d’un frivole jeu de société.