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SABBAT

Grâce, poésie, prière de la captivité monacale, je ne vous oublie pas. Mais les autres ? Les vingt autres ? Les trente autres ? Toutes les autres ? Vous les rappelez-vous, vibrante et jolie Madame sainte Claire, vous, qui, tant de fois, avez pleuré contre mes cheveux révoltés ?

Le couvent réussit, d’abord, avec cette perfection qu’il apporte dans les petites choses, à me rendre incompréhensible son Dieu mesquin et ostentateur.

Du reste, dans les églises idolâtres du Midi où la folâtrerie fastueuse des nonnes nous promenait, je n’étais capable que de terreur ou de poésie. Ici, je respirais, toute pâle, l’odeur humide des morts et des catacombes ; là, je m’enflammais pour ces prédicateurs imbéciles et charmants qui, dans les verrières, ont un cou de taureau et, sous leur robe de bure, la grande agitation des cavales sauvages.

Parfois, je fleurissais, lis corrompu par la désolation et la pénitence, sur la branche des chandeliers pompeux ; parfois, les bottes de myrte me semblaient d’agréables martinets que devait souhaiter l’impétuosité des petites saintes de quinze ans.

Je fuyais les nappes avares, les cierges éphémères, les chaises qui gémissent de por-