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SABBAT

peu rétive et de l’Agneau enragé d’amour, et, faisant, à tous coups, rimer : « Ange » et « fange », racontait, dans une villanelle, ses transports, par les prairies divines, quand le lis de la vallée à la ceinture et la harpe de David aux doigts, elle danserait en Dieu au milieu de ses « jeunes compagnes ».

En attendant, avec un empressement affreux, elle nous poursuivait dans tous les coins, le crucifix dans une main, le portrait de Marie Alacoque dans l’autre, ses manuscrits dans les poches et sous la bavette de son lugubre tablier… Et quand, furtivement, elle avait passé, que trouvions-nous dans nos pupitres ? Des aveux incendiaires sous la forme d’images où il n’était question que de cœurs transpercés d’un glaive et de lis sur lesquels les langues apostoliques étaient distribuées par une colombe à l’œil implacable.

Mais, comme nous repoussâmes toutes ses avances, elle tomba dans une langueur qui nous débarrassa d’elle car, après avoir réuni, autour de la couperose distinguée de ses grands traits moroses, toute la communauté, la supérieure, alarmée justement, l’envoya exalter en vers, à la campagne, à la maison de retraite, les nonnes hors d’usage et le cochon que les filles de Sion faisaient engraisser pour fêter la sainte Catherine.

Enfin, je veux, certes, présenter cette autre « épouse du Seigneur », Madame saint Savinien, la maîtresse du pensionnat, aux som-