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SABBAT

dans les infinis, de ses frémissantes antennes, car il faut que je l’avoue, une fois de plus : dans l’inspiration, tout ne fut, pour moi, que tentation occulte, savante et subtile, curiosité embrasée et pécheresse, transposition dans le miracle infernal, interprétation satanique, triple cœur du Diable, soleil de son cerveau, ironie de sa danse, sadisme adorable de ses conceptions, poison de ses offrandes, pièges de sa beauté, magnificence de son rire, candeur de son dandysme insolent et princier, tonnerre de son génie, éclair de sa démence, corne pensante de Belzébuth et ventre étoilé d’Absaroth !

— Ah ! Ah !

— …Mais, ce soir, hélas ! mon visage n’a plus la royauté du diamant qui étincelle, et voici que l’aridité des déserts pèse à mes paupières de mortelle, que l’inquiétude du vieux monde s’est étendue, à mes pieds, sombre et sans voix, comme le pèlerin vaincu par les cyprès.

Tout croule quand les poètes sont en ruines, et, les lyres mortes, le néant commence… » —

Et la pauvre petite sorcière fermée, ce soir, à l’étincelant enthousiasme des Lucifers, pleure, pleure comme tous ceux qu’attendent l’ombre funeste, l’urne sans âme…

Le Sabbat fini, que reste-t-il ? Une coque de noisette dans une main périssable… L’adieu des courlis… La plainte des morts…